Les acides gras essentiels
Les
acides gras polyinsaturés (AGPI)
Ils
sont indispensables à la vie car notre organisme ainsi que celui des
carnivores ne savent pas les fabriquer.
Ce
sont l'acide alpha-linolénique (série oméga 3) et l'acide
linoléique (série oméga 6) ainsi que leur famille qui en
découle : EPA et DHA pour l'acide alpha-linolénique, DHGA pour
l'acide linoléique.
Chez
le chat, un troisième acide gras est indispensable, c'est l'acide
arachidonique.
Sources :
Cependant, les chiens et les chats absorberaient moins bien les acides gras essentiels provenant de végétaux .
Il n'est pas recommandé de donner à son animal comme unique source d'AGPI une huile végétale, comme l'huile de lin, ou de colza.
Il faut privilégier les AGPI d'origine marine.
Il s'agit des huiles de poissons de mers froides (sardine, hareng, maquereau, saumon) ou de krill (crevettes).
Dans sa thèse (4), un de mes consœurs, le Dr Charlotte Devaux, indique les posologies suivantes pour l'huile de krill :
Pour
le chat : 5 à 25mg/kg/j
Pour
le chien : 25 à 80mg/kg/j
« Pour
un chat de 5kg présentant une dermatite miliaire ou une insuffisance
rénale chronique que l’on souhaite traiter à une dose moyenne de
15mg/kg/j on donnera 1 capsule de 500mg d’huile de krill par
semaine.
Pour
un chien de 10kg traité pour une dermatite atopique ou une arthrose
à une dose moyenne de 50mg/kg on administrera une capsule par
jour ».
Il est important que les huiles de poissons soient contrôlées au niveau des métaux lourds (mercure, plomb...), des polluants (PCB, dioxines...). .
Rôle des omégas 3 et oméga 6 (1) :
Dans
l'organisme, les oméga 6 sont plutôt pro-inflammatoire,
pro-aggrégant plaquettaire et vaso-constricteur. Les oméga 3 sont
plutôt anti-inflammatoire, anti-aggrégant plaquettaire et
vaso-dilatateur.
On considère
que l'équilibre optimal entre oméga 6 et oméga 3 pour l'organisme
sain est environ
5 fois plus d'oméga 6 que d'oméga 3 sur des animaux en bonne santé.
Indications
des omégas (2) :
1)-
en néphrologie :
il
est acquis que les oméga 3 accroissent le taux de filtration
glomérulaire et du débit sanguin rénal et réduisent
l’hypertension glomérulaire contrairement aux oméga 6.
Chez
le chien une supplémentation de la ration en oméga 3 a des effets
bénéfiques sur l’insuffisance rénale : diminution de la
protéinurie, créatininémie et des lésions rénales, augmentation
de la filtration glomérulaire.
Chez
le chat l’augmentation d’EPA dans la ration aurait un effet
préventif sur l’IRC et la survie du chat .
Il
y a un consensus général sur l’utilisation d’EPA lors d’IRC
chez le chat.
2)-
en dermatologie :
Les
AGPI présentent une bonne efficacité sur les états cutanés
kérato-séborrhéiques.
Les
oméga 6 participent à la maintenance de l’imperméabilité
cutanée, car ils sont présents dans les céramides du stratum corneum,
et à l’amélioration de la qualité du pelage ou d’une peau
sèche sans inflammation. Attention un excès d’apport
d’oméga
6 peut conduire à une réponse pro-inflammatoire et augmenter
l’inflammation au niveau de la peau et des autres
organes.
Chez
le chien de nombreuses études ont prouvé leur intérêt dans
l’arsenal thérapeutique de la dermatite atopique chronique (avec
un consensus général pour une utilisation des oméga 3) :
-
effet anti-inflammatoire,
-
effet d’épargne de la cyclosporine, permettant de diminuer les
doses chez des chiens atopique :
restauration
des propriétés de barrière de la peau,
effet
anti-prurigineux plus ou moins important
3)-
en cardiologie :
Des
études ont démontré que chez les chiens atteints de
cardiomyopathie dilatée la survie de l’animal étant au final
augmentée et de même chez des chiens atteints de maladie valvulaire
dégénérative.
Un
apport d’EPA et DHA aide à réduire l’arythmie ventriculaire du
boxer lors de cardiopathie arythmogène du ventricule droit.
4)-
en tant qu'anti inflammatoires :
-arthrose :
Plusieurs
études ont démontré des résultats positifs des oméga 3 (EPA,
DHA) sur l’arthrose du chien, notamment en cas d'arthrose de la
hanche du coude et du grasset. Une supplémentation en EPA et DHA
permet de diminuer les doses de carprofen chez des chiens atteints
d’arthrose chronique (6).
-asthme :
Dans
l'asthme félin : Jérome Leemans de l'Université de Liège
conseille d'associer les omégas 3 à la lutéoline, plante
immuno-régulatrice.
5)-
en cas d'insuffisance hépatique :
Ils
diminuent la lipolyse tissulaire par l’action des prostaglandines,
Ils
permettent la synthèse hépatique à partir d’acides gras saturés
de phosphoaminolipides qui sont des formes de
transport
assurant le drainage des graisses du foie.
• ils
ont, de plus, un rôle protecteur vis à vis de
l’hypercholestérolémie et de l’athérosclérose.
6)-
en cas de diabète :
Ils
diminuent la surcharge graisseuse du foie chez le diabétique
et
augmentent la sensibilité à l’insuline.
7)-
en neurologie :
Il
est recommandé, au vue des nombreuses études réalisées,
d’apporter du DHA pendant la gestation, la lactation et après le
sevrage pour un développement optimal du système nerveux chez les
chiots et les chatons.
Chez
l’animal, une carence en oméga 3 induit des déficiences visuelles
(carence en DHA de la rétine) (14), une perturbation et un
vieillissement prématuré de l’audition, une altération du goût
et une réduction des capacités d’apprentissage chez le jeune
animal.
8)-
pour le sport :
Ils
sont un très bon combustible énergétique. Ils permettent une
augmentation des aptitudes sportives.
9)-
convalescence de maladies :
Des
chiens traités par chimiothérapie pour lymphome ont vu leur temps
de survie et l’espace entre deux récidives augmentés.
10)-
pour le vieillissement :
Les
oméga 3 ont un effet positif sur la réponse immunitaire des vieux
chiens.
EN
PRATIQUE :
La
durée d’utilisation recommandée des oméga 3 pour une action
anti-inflammatoire est de 4 à 6 semaines pour avoir un début
d’efficacité et de 8 à 12 semaines pour un effet maximal.
Ma
consoeur le Dr Géraldine Blanchard conseille (1) :
« En
rationnement ménager : il faut au moins 5%
de l'énergie sous forme d'huile de colza ou de soja pour
apporter suffisamment d'AGE à un adulte en bonne santé.
Grossièrement, il faut 5 ml d'HUILE DE COLZA pour 5 à 10 kg de poids corporel, pour un animal en bonne santé (attention valeur indicative, variable selon l'animal et la ration).
HUILE
DE POISSON
... (en
plus de l'huile de colza) :Grossièrement, il faut 5 ml d'HUILE DE COLZA pour 5 à 10 kg de poids corporel, pour un animal en bonne santé (attention valeur indicative, variable selon l'animal et la ration).
COMBIEN ? une gélule de 500mg d'huile de poisson riche en oméga 3 par tranche de 5kg de poids pour chien ou chat en bonne santé est une dose bien adaptée.
Elle peut devoir être doublée dans certains cas pathologiques ».
Les acides gras insaturés, étant très sensibles à l'oxydation, il faut les protéger de l'air et de la lumière même s'ils sont associés à un anti oxydant. comme la vitamine E : il est recommandé d’apporter au moins 0,5 mg de vitamine E /kg de poids corporel (5).
Leur apport peut se faire en toute sécurité par des gélules ou capsules, qui sont avalées ou ouvertes sur le repas au moment de le consommer (pas à l'avance), ou en flacon doseur dit airless (le flacon contient une poche où l'air n'entre pas quand l'huile en sort). (3).
En cas de surdosage ? :
D'après ma consoeur le Dr Véronique Viateau, Chuva-ENVA, (6) : "des effets néfastes d'un surdosage sont décrits : réduction de l'agrégation plaquettaire, troubles digestifs, pancréatite et hépatopathie. Les chats sont davantage sensibles. Il convient de donner les compléments à jours alternés".
Bibliographie :
http://www.vetup.com/articles-veterinaires/63-vetup/alimentation-veterinaire/276-huile-de-pois
http://www2.vetagro-sup.fr/bib/fondoc/th_sout/dl.php?file=2012lyon041.pdf
Charlotte
DEVAUX
http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=715
François, Bernard, Jacques, Louis
BAECKEROOT
(6)- Arthrose : l’intérêt réel des compléments alimentaires de Véronique Viateau.
La Dépêche Vétérinaire n° 1453 du 13 octobre 2018.
Mon chat ou mon chien ont-ils besoin d’omégas 3 ?
A moins que vous n’habitiez la ferme, et que votre animal chasse également des proies dans la nature, la réponse est OUI, si vous recherchez son équilibre nutritionnel. Il en est ainsi pour nous, humains, aussi. De nos jours l’élevage industriel produit des animaux à la chair très déficiente en omégas 3 : eux même nourris de grains de qualité moindre, ils sont, de plus, excédentaires en omégas 6 ! Les omégas 6, indispensables à tous, sont nocifs lorsqu’ils sont en excès. L’alimentation d’aujourd’hui présente un ratio déséquilibré, connu pour favoriser les processus inflammatoires dans notre corps. Il faut donc veiller à assurer un bon ratio omégas 6 /omégas 3
Le bon ratio omégas 6 /omégas 3 :
Une proie sauvage présente des ratios omégas 6 /omégas 3 allant de 2 :1 à 6 :1. Selon l’espèce et les pièces de viandes étudiées, un animal d’élevage présentera un ratio compris entre 6 :1 et 40 :1 ! Ainsi, pour un bovin, le ratio passe de 3 :1 à l’état sauvage à 18 :1 pour un bœuf nourri aux grains...
(Données du NRC , National Research Council Américain)
La souris ou l’oiseau chassés par le chat sont des repas équilibrés... Le cerveau et les yeux des proies sauvages sont les organes les plus riches en omégas 3...
Une solution consisterait à nourrir ses compagnons de viande d’animaux élevés et nourris en pâture. Des poules qui picorent des insectes ! Des ruminants nourris essentiellement à l’herbe... Pouvons-nous compter sur nos fabricants de pâtées ou de croquettes pour utiliser ces ingrédients ? La teneur en omégas 3 ajoutés déclarée sur le label est-elle fiable ?
Pour les croquettes, non, ce produit étant sujet au rancissement, les omégas 3 s’oxydent rapidement et deviennent donc... pro-oxydants ! Et d’une façon générale, les fabricants donnent rarement la source de leurs omégas 3 : Il s’agira le plus souvent d’omégas en quantité insuffisante, et d’origine végétale, comme le lin, dont la transformation en EPA et DHA est infime dans l’organisme du chat et du chien. Classiquement, ce taux de conversion est estimé à 10%. Or, parmi les omégas 3, ce sont bien les EPA et DHA qui sont indispensables dans l’alimentation de nos compagnons, car leur organisme ne sait pas les fabriquer à partir d’autres aliments. Le corps humain, possède les enzymes nécessaires à leur fabrication.
La meilleure source d’omégas 3 :
Pour le chat et le chien (et pour nous aussi malgré tout), la meilleure source d’omégas 3 est d’origine animale. Les huiles de poisson ont en moyenne un ratio omégas 6 /omégas 3 de 1 :8. De quoi aider à rééquilibrer une ration. Les suppléments sont le plus souvent des huiles de saumon, de krill, mais aussi d’anchois et de sardines. Le consommateur soucieux de la préservation de l’environnement fera son choix en étudiant bien la source du produit. EPA et DHA sont directement assimilés chez le carnivore, rien ne se perd. Néanmoins, afin de choisir son supplément, il convient bien de regarder sa teneur réelle en EPA + DHA en mg par gramme. Les différences peuvent être très importantes d’un produit à l’autre ! Le reste est de l’huile, source d’énergie certes pour l’animal, mais qui compte dans le total calorique des animaux peu actifs ou en surpoids...
Quelle posologie pour votre animal ?
C’est là où l’on ne dispose pas encore d’études approfondies, notamment pour le chat... Il est bien sûr impossible de calculer le ratio omégas 6 /omégas 3 des aliments de nos animaux, impossible de jouer aux apprentis sorciers. La littérature vétérinaire anglo-saxonne présente des posologies basées sur l’expérience, et les estimations du NRC, National Research Council Américain : Selon ces recommandations, une juste supplémentation pour le chien va de 50mg à 220mg par kilo de poids de corps. Attention, il s’agit bien précisément de supplémentation en EPA + DHA ! De nombreux auteurs américains estiment cette posologie équivalente ou légèrement inférieure pour le chat. Basée sur ses propres investigations auprès de ses confrères, le Dr Lisa Pierson rapporte que 700 mg par jour pour un chat de 5 kilos ne présentent aucun danger. Les recettes 100% carnivore qu’elle propose pour un chat en bonne santé comportent entre 200mg et 400mg d’EPA+DHA par jour pour un chat de 5 kilos. Ses nombreux chats ayant vécus ces dernières années entre 18 et 20 ans, on peut supposer que la recette est bonne !
Omégas 3 et problèmes de santé :
La supplémentation en omégas 3 est un atout santé pour nos amis carnivores, notamment les femelles gestantes puis les petits, aux moments où se forment le cerveau, se développe la vue... Ils sont aussi les alliés des seniors dont il faut protéger les fonctions cognitives, les articulations... les animaux très sportifs !
Les recommandations du NRC de 50mg d’EPA+DHA par kilo de poids de corps sont destinées à un animal en bonne santé. Une posologie supérieure est indiquée en cas de problèmes de santé spécifiques. Notamment, les affections à composante inflammatoire : citons, les problèmes dermatologiques, allergies, problèmes rénaux, cardio-vasculaires, arthrose et rhumatismes, MICI !... Les effets curatifs des omégas 3 dans ces affections sont très documentés. La recherche leur prête également des propriétés anti-tumorales et anti-métastatiques.
Précisons cependant que chaque individu est différent, et les résultats rapides sur les uns seront moins évidents chez d’autres...
Quels effets secondaires d’un surdosage régulier en omégas 3 ?
La question est largement débattue dans la littérature vétérinaire américaine, et cependant, les auteurs s’accordent à dire qu’il s’agit de risques possibles, bien que non documentés...
Les risques évoqués sont :
La fluidification du sang : non désirée avant une opération majeure, il est recommandé de suspendre l’administration des omégas 3 : 10 jours avant et après une opération, celle-ci pouvant entraver la cautérisation des plaies. Dans la pratique, je n’ai lu aucun auteur rapportant un problème effectivement rencontré.
Inconfort gastro-intestinal : l’introduction d’un nouveau supplément doit en effet se faire progressivement afin de ne pas indisposer l’animal. L’observation du maître est le meilleur guide.
Pancréatite : Là encore il s’agit du principe de précaution : L’administration d’omégas 3 peut prévenir les pancréatites, mais être déconseillée en excès si l’animal est malade (il y a beaucoup d’huile dans ces suppléments). De même dans les cas d’obésité.
Possibles interactions médicamenteuses : toute supplémentation doit être indiquée au vétérinaire traitant si l’animal prend des médicaments. Ainsi les omégas 3 pourraient entraîner une moindre sensibilité à l’insuline, ou seraient déconseillés en cas d’administration régulière de médicaments anti inflammatoires. Un coup de fil au véto dissipera d’éventuels doutes.
Possible frein à la guérison des plaies : là encore il s’agit du principe de précautions. La capacité de l’organisme à produire une réaction anti-inflammatoire adaptée est importante pour certaines affections.
En résumé : comme pour tout supplément le bon sens et l’observation sont de mise.
Quel produit choisir ?
Là tout se complique... Certains préfèreront un produit pharmaceutique destiné à la consommation humaine. Un produit « purifié » de tous métaux lourds est préférable car il ne faut pas oublier que le poisson (notamment d’élevage, et le bio n’est pas mieux !) contient du mercure que nous ne souhaitons pas ajouter à la ration quotidienne... Les tout petits poissons comme anchois et sardines, ou le krill n’en contiennent pas. Mais les huiles de poisson dites ‘purifiées’ sont fiables lorsqu’elles sont bien sûr testées par un organisme indépendant. Pour ceux qui achètent à l’étranger, les termes à rechercher seront ‘pharmaceutical grade’, ou ’tested for purity’. Citons également le label ‘NKO’ présenté comme garantie de qualité.
La présentation la plus courante est la gélule qu’il faudra percer sur la ration, on prend alors le soin de bien mélanger... Les pompes sont également proposées par de nombreux fabricants. Il faut alors s’assurer que l’huile contient l’indispensable vitamine E anti oxydante et rien d’autre. Bien respecter la durée de vie du produit après la première utilisation. Un contenant plastique n’est sans doute pas le plus sain. Certains fabricants ont testé des matériaux plus innovants.
Dans ce choix il appartient à chacun de faire ses propres recherches et comparaisons! Il s’agit de votre animal, prenez votre temps pour faire votre propre opinion...
Le mode d’administration des omégas 3 :
Un grand chien peut gober une capsule, mais il est évidemment dangereux de forcer l’administration pour un petit chien et un chat ! Le risque de fausse route peut être mortel. Ceci étant rappelé, il est conseillé de commencer à faire sentir et goûter l‘huile de poisson à toute petite dose la première fois ! La plupart des carnivores sont fous de ce parfum, d’autres se montrent carrément dégoûtés de prime abord. Il faut alors ruser et y aller très progressivement. Si l’animal refuse encore de manger un aliment « parfumé » à l’huile de poisson au bout de 8 jours, il y a souci. On peut alors chercher des omégas 3 sans parfum (unscented en anglais), il en existe pour animaux aussi : la différence est très nette et il ne reste qu’un très léger parfum de poisson.
Et si l’animal est vraiment récalcitrant, vous pouvez opter pour un petit peu de sardines ou anchois (sans huile !) 3 fois par semaine en plus d’une ration équilibrée ...
Les omégas 3 peuvent être chers pour une famille. Rien n’interdit alors de faire des cures, ou si l’on a des gélules qui se conservent bien, n’en donner qu’un jour sur deux... Mais parmi les nombreux suppléments proposés sur le marché, il s’agit certainement de l’un des plus intéressants ...
(6)- Arthrose : l’intérêt réel des compléments alimentaires de Véronique Viateau.
La Dépêche Vétérinaire n° 1453 du 13 octobre 2018.
Complément de Delphine Bez :
Mon chat ou mon chien ont-ils besoin d’omégas 3 ?
A moins que vous n’habitiez la ferme, et que votre animal chasse également des proies dans la nature, la réponse est OUI, si vous recherchez son équilibre nutritionnel. Il en est ainsi pour nous, humains, aussi. De nos jours l’élevage industriel produit des animaux à la chair très déficiente en omégas 3 : eux même nourris de grains de qualité moindre, ils sont, de plus, excédentaires en omégas 6 ! Les omégas 6, indispensables à tous, sont nocifs lorsqu’ils sont en excès. L’alimentation d’aujourd’hui présente un ratio déséquilibré, connu pour favoriser les processus inflammatoires dans notre corps. Il faut donc veiller à assurer un bon ratio omégas 6 /omégas 3
Le bon ratio omégas 6 /omégas 3 :
Une proie sauvage présente des ratios omégas 6 /omégas 3 allant de 2 :1 à 6 :1. Selon l’espèce et les pièces de viandes étudiées, un animal d’élevage présentera un ratio compris entre 6 :1 et 40 :1 ! Ainsi, pour un bovin, le ratio passe de 3 :1 à l’état sauvage à 18 :1 pour un bœuf nourri aux grains...
(Données du NRC , National Research Council Américain)
La souris ou l’oiseau chassés par le chat sont des repas équilibrés... Le cerveau et les yeux des proies sauvages sont les organes les plus riches en omégas 3...
Une solution consisterait à nourrir ses compagnons de viande d’animaux élevés et nourris en pâture. Des poules qui picorent des insectes ! Des ruminants nourris essentiellement à l’herbe... Pouvons-nous compter sur nos fabricants de pâtées ou de croquettes pour utiliser ces ingrédients ? La teneur en omégas 3 ajoutés déclarée sur le label est-elle fiable ?
Pour les croquettes, non, ce produit étant sujet au rancissement, les omégas 3 s’oxydent rapidement et deviennent donc... pro-oxydants ! Et d’une façon générale, les fabricants donnent rarement la source de leurs omégas 3 : Il s’agira le plus souvent d’omégas en quantité insuffisante, et d’origine végétale, comme le lin, dont la transformation en EPA et DHA est infime dans l’organisme du chat et du chien. Classiquement, ce taux de conversion est estimé à 10%. Or, parmi les omégas 3, ce sont bien les EPA et DHA qui sont indispensables dans l’alimentation de nos compagnons, car leur organisme ne sait pas les fabriquer à partir d’autres aliments. Le corps humain, possède les enzymes nécessaires à leur fabrication.
La meilleure source d’omégas 3 :
Pour le chat et le chien (et pour nous aussi malgré tout), la meilleure source d’omégas 3 est d’origine animale. Les huiles de poisson ont en moyenne un ratio omégas 6 /omégas 3 de 1 :8. De quoi aider à rééquilibrer une ration. Les suppléments sont le plus souvent des huiles de saumon, de krill, mais aussi d’anchois et de sardines. Le consommateur soucieux de la préservation de l’environnement fera son choix en étudiant bien la source du produit. EPA et DHA sont directement assimilés chez le carnivore, rien ne se perd. Néanmoins, afin de choisir son supplément, il convient bien de regarder sa teneur réelle en EPA + DHA en mg par gramme. Les différences peuvent être très importantes d’un produit à l’autre ! Le reste est de l’huile, source d’énergie certes pour l’animal, mais qui compte dans le total calorique des animaux peu actifs ou en surpoids...
Quelle posologie pour votre animal ?
C’est là où l’on ne dispose pas encore d’études approfondies, notamment pour le chat... Il est bien sûr impossible de calculer le ratio omégas 6 /omégas 3 des aliments de nos animaux, impossible de jouer aux apprentis sorciers. La littérature vétérinaire anglo-saxonne présente des posologies basées sur l’expérience, et les estimations du NRC, National Research Council Américain : Selon ces recommandations, une juste supplémentation pour le chien va de 50mg à 220mg par kilo de poids de corps. Attention, il s’agit bien précisément de supplémentation en EPA + DHA ! De nombreux auteurs américains estiment cette posologie équivalente ou légèrement inférieure pour le chat. Basée sur ses propres investigations auprès de ses confrères, le Dr Lisa Pierson rapporte que 700 mg par jour pour un chat de 5 kilos ne présentent aucun danger. Les recettes 100% carnivore qu’elle propose pour un chat en bonne santé comportent entre 200mg et 400mg d’EPA+DHA par jour pour un chat de 5 kilos. Ses nombreux chats ayant vécus ces dernières années entre 18 et 20 ans, on peut supposer que la recette est bonne !
Omégas 3 et problèmes de santé :
La supplémentation en omégas 3 est un atout santé pour nos amis carnivores, notamment les femelles gestantes puis les petits, aux moments où se forment le cerveau, se développe la vue... Ils sont aussi les alliés des seniors dont il faut protéger les fonctions cognitives, les articulations... les animaux très sportifs !
Les recommandations du NRC de 50mg d’EPA+DHA par kilo de poids de corps sont destinées à un animal en bonne santé. Une posologie supérieure est indiquée en cas de problèmes de santé spécifiques. Notamment, les affections à composante inflammatoire : citons, les problèmes dermatologiques, allergies, problèmes rénaux, cardio-vasculaires, arthrose et rhumatismes, MICI !... Les effets curatifs des omégas 3 dans ces affections sont très documentés. La recherche leur prête également des propriétés anti-tumorales et anti-métastatiques.
Précisons cependant que chaque individu est différent, et les résultats rapides sur les uns seront moins évidents chez d’autres...
Quels effets secondaires d’un surdosage régulier en omégas 3 ?
La question est largement débattue dans la littérature vétérinaire américaine, et cependant, les auteurs s’accordent à dire qu’il s’agit de risques possibles, bien que non documentés...
Les risques évoqués sont :
La fluidification du sang : non désirée avant une opération majeure, il est recommandé de suspendre l’administration des omégas 3 : 10 jours avant et après une opération, celle-ci pouvant entraver la cautérisation des plaies. Dans la pratique, je n’ai lu aucun auteur rapportant un problème effectivement rencontré.
Inconfort gastro-intestinal : l’introduction d’un nouveau supplément doit en effet se faire progressivement afin de ne pas indisposer l’animal. L’observation du maître est le meilleur guide.
Pancréatite : Là encore il s’agit du principe de précaution : L’administration d’omégas 3 peut prévenir les pancréatites, mais être déconseillée en excès si l’animal est malade (il y a beaucoup d’huile dans ces suppléments). De même dans les cas d’obésité.
Possibles interactions médicamenteuses : toute supplémentation doit être indiquée au vétérinaire traitant si l’animal prend des médicaments. Ainsi les omégas 3 pourraient entraîner une moindre sensibilité à l’insuline, ou seraient déconseillés en cas d’administration régulière de médicaments anti inflammatoires. Un coup de fil au véto dissipera d’éventuels doutes.
Possible frein à la guérison des plaies : là encore il s’agit du principe de précautions. La capacité de l’organisme à produire une réaction anti-inflammatoire adaptée est importante pour certaines affections.
En résumé : comme pour tout supplément le bon sens et l’observation sont de mise.
Quel produit choisir ?
Là tout se complique... Certains préfèreront un produit pharmaceutique destiné à la consommation humaine. Un produit « purifié » de tous métaux lourds est préférable car il ne faut pas oublier que le poisson (notamment d’élevage, et le bio n’est pas mieux !) contient du mercure que nous ne souhaitons pas ajouter à la ration quotidienne... Les tout petits poissons comme anchois et sardines, ou le krill n’en contiennent pas. Mais les huiles de poisson dites ‘purifiées’ sont fiables lorsqu’elles sont bien sûr testées par un organisme indépendant. Pour ceux qui achètent à l’étranger, les termes à rechercher seront ‘pharmaceutical grade’, ou ’tested for purity’. Citons également le label ‘NKO’ présenté comme garantie de qualité.
La présentation la plus courante est la gélule qu’il faudra percer sur la ration, on prend alors le soin de bien mélanger... Les pompes sont également proposées par de nombreux fabricants. Il faut alors s’assurer que l’huile contient l’indispensable vitamine E anti oxydante et rien d’autre. Bien respecter la durée de vie du produit après la première utilisation. Un contenant plastique n’est sans doute pas le plus sain. Certains fabricants ont testé des matériaux plus innovants.
Dans ce choix il appartient à chacun de faire ses propres recherches et comparaisons! Il s’agit de votre animal, prenez votre temps pour faire votre propre opinion...
Le mode d’administration des omégas 3 :
Un grand chien peut gober une capsule, mais il est évidemment dangereux de forcer l’administration pour un petit chien et un chat ! Le risque de fausse route peut être mortel. Ceci étant rappelé, il est conseillé de commencer à faire sentir et goûter l‘huile de poisson à toute petite dose la première fois ! La plupart des carnivores sont fous de ce parfum, d’autres se montrent carrément dégoûtés de prime abord. Il faut alors ruser et y aller très progressivement. Si l’animal refuse encore de manger un aliment « parfumé » à l’huile de poisson au bout de 8 jours, il y a souci. On peut alors chercher des omégas 3 sans parfum (unscented en anglais), il en existe pour animaux aussi : la différence est très nette et il ne reste qu’un très léger parfum de poisson.
Et si l’animal est vraiment récalcitrant, vous pouvez opter pour un petit peu de sardines ou anchois (sans huile !) 3 fois par semaine en plus d’une ration équilibrée ...
Les omégas 3 peuvent être chers pour une famille. Rien n’interdit alors de faire des cures, ou si l’on a des gélules qui se conservent bien, n’en donner qu’un jour sur deux... Mais parmi les nombreux suppléments proposés sur le marché, il s’agit certainement de l’un des plus intéressants ...
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